dimanche 23 août 2009

Medellin y afueras: ida al pueblito El Retiro


Tadaa, il faut monter raide dans la montagne pour arriver al Retiro (qui porte bien son nom, nom d'un paisa) mais on y est. Et qu'est-ce qui nous attend? une chiva!! Voila le concept: vous prenez un bus pas trop grand, pas trop gros mais il faut quand meme pouvoir tenir debout dedans, vous allez comprendre pourquoi. Vous le peignez avec plein de couleurs, l'important c'est qu'elles soient bien pétard. Vous y mettez une radio pour avoir du son, et vous commencez a vous balader dans toute la ville: y listo! una chiva rumbera, ou le bus pour faire la fete ambulante! Pour en profiter il faut le louer, on monte tous dedans et on danse pendant que le bus se pavane dans la ville. Je voulais faire ca pour les 21 ans de Camille ce week-end, mais finalement on va le faire plus traditionnellement. Bon, a la campagne la chiva sert aussi juste a promener les gens, comme c'est probablement le cas de celle-la, mais j'avais envie de vous le raconter :).

Nous voila sur la place principale du petit village. Comme dans tous les petits villages, organisation standard: l'Eglise coloniale, le marché, la fontaine-statue au centre et surtout les petits vieux assis sous leur sombrero en train d'analyser la montée des prix du mais, le sermon du pretre (mais tres dévotement, gracias a Dios) y que calor tan terrible, 'parse.

Le parvis de l'Eglise, avec les montagnes dans le fond et le camion qui vend des glaces.





Les maisons sont typiques du pueblito tradicional, antioqueño y colombiano. Elles sont blanches avec un toit en tuiles brunes, ondulées et penchées, avec le petit balcon en bois. On a les memes, a Cali, bientot je vous montrerai qu'on les voit de ma fenetre.







J'adore cette photo. Les deux bonhommitos en plein milieu de la rue en train de discuter sec, mais tranquilles, nonchalants, et ils ne bougent pas d'un iota même avec la voiture qui arrive. Plus derrière, les gens qui nous fixent tous d'un air perplexe parce que, pardonnez-môi, mais on a pas l'air très colombien. Et encore plus derrière, le gamin qui attend ses parents sur les chevaux pour aller rassembler le bétail dans la finca, a côté de la moto de Monsieur Tout le Monde. Et les feuilles de palmiers et les montagnes, ca va de soi.







Le señor me regardait avec un drôle d'air quand j'ai pris la photo, alors je lui ai montrée tout de suite après. Il s'est retourné vers ses copains en se marrant et il a dit: "Hermooooso!"


Cette joviale compagnie étale ses richesses de fruta y verdura à même le sol et fait goûter a l'envi. Et je ne vous parle meme pas de l'odeur délicieuse sous les tentes... Bientot je vous ferai un cours de fruits.



Le village a l'air tout tranquille, comme ça, mais ça cache les gros problèmes de la région. Les narcos qui sortent des comunas ne vont pas à la capitale: ils vont à la campagne. Bien sûr, depuis que Pablo Escobar a été tué, ils font profil bas. Il faut savoir que Pablo Escobar et Tony Montana, ils jouaient aux billes ensemble quand ils étaient petits. C'est du pareil au même: immense finca de luxe, d'un goût atroce mais dégoulinant d'or (et c'est ça l'important, let's face it) zoo privé avec hippopotames importés, gros cigares de La Havane, chaîne en or et tout le tintouin. Et puis un beau jour sous les feuilles de coca, mataron a Escobar. * Effroi, tumulte et carambas: mais alors, on ne peut même pas étaler notre richesse obscène aux yeux du campesino moyen et du reciclador au fond de la inopia**? Et c'est ainsi que maintenant, dans les campagnes paisas, se terrent les narcos au fond de leur trou en rubis. Ils font des apparitions de temps en temps au bar du village, histoire de montrer qu'ici c'est eux qui commandent; mais la plupart du temps, on ne les voit pas. On sait qu'ils sont là, bien sûr, mais on ne les voit pas.
*On a tué Escobar.
** La inopia: deux étages au-dessous de la misère, troisième porte au fond à droite.

Et hormis le fait que ce sont des gens fort peu recommendâbles, ma mie, trop peu pour que vous vous y hâsârdiez, ils sont en train de saper tous les efforts du bien-aimé gouvernement pour faire une réforme agraire qui se respecte. Comprenons-nous bien: les temps de la terreur dans les campagnes, la Violence, quand on ne pouvait même plus aller dans sa finca le week-end, parce que les voisins ont essayé et c'est la dernière fois qu'on les a vus, sont révolus. Mais: les narcos, ça aime la terre. Parce que la terre, en Colombie, c'est la richesse. Et ça vaut particulièrement pour l'Antioquia, la seule région où les paysans vivent à peu près bien sans trop lutter, parce que la terre est très chère. On ne sait pas bien comment, mais les narcos, ils sont en train petit à petit de racheter toutes les terres aux paysans. Soit ils les utilisent pour cultiver la mata que mata (la feuille qui tue), soit ils les laissent en friche parce que c'est plus marrant et moins fatiguant.

N.B.: J'espère que vous remarquez que le señor et moi, on a le même sombrero.



Tout ça pour vous expliquer qu'ici, au joyeux petit village del Retiro, il faut soulever la pastèque et on tombe rapidement sur la feuille de coca qu'elle cache. Et ça ne l'empêche pas d'être bonne, cette pastèque, ni le pueblito d'être vraiment joli, et ça n'empêche pas les gens de jouer de la musique à chaque coin de rue non plus. La Colombie, ça fait cet effet-là.




Un café à l'aguardiente!!! dans une maison coloniale avec des gens super cool, qui se mettent à chanter du tango sans crier gare et vous expliquent par le menu comment ils ont peint la porte des toilettes, comment la moitié de leur coeur est paisa et l'autre à Cali et comment leur fille s'est mariée avec un Chilien.


Maintenant je vous laisse avec la campagne antioqueña, parce que je parle un petit peu trop et que ça vaut le coup, même s'il vous manque une bonne dose de salsa et de vallenato, et puis l'odeur du cilantro* pour vraiment vous rendre compte. Mais essayez quand même.

*Le cilantro c'est une épice, et pour moi la Colombie ça sent comme ça. J'en ramènerai si vous voulez ;)







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