samedi 28 novembre 2009

!! Viva Colombia, carajo...

Juan vient de m'envoyer une blague colombienne.

Traduit de l'espagnol par votre humble servante:

Un homme meurt et va en enfer; il y découvre qu'il y a un enfer pour chaque pays. Il se rend d'abord à l'enfer allemand et demande: "Qu'est-ce qu'on te fait ici?" "Ici, d'abord on te met en face d'un projecteur pendant une heure, ensuite sur la chaise électrique pendant une heure, ensuite on te couche dans un lit plein de clous pendant une autre heure, et le reste de la journée le diable allemand vient et te donne des coups de fouet. "

Rien de tout cela ne plut au bonhomme; il s'en alla voir de quoi consistaient les autres enfers. L'enfer américain comme l'enfer russe et tous les autres enfers de toutes les nations faisaient la même chose. Mais alors, il se rend compte qu'à la porte de l'enfer colombien il y a une longue queue de gens qui attendent pour entrer.

Intrigué, il demande au dernier de la file: "Qu'est-ce qu'on te fait ici?"

"Ici, d'abord on te met en face d'un projecteur pendant une heure, ensuite sur la chaise électrique pendant une heure, ensuite on te couche dans un lit plein de clous pendant une autre heure, et le reste de la journée le diable colombien vient et te donne des coups de fouet. "

"Mais c'est exactement la même chose que les autres enfers, pourquoi y a-t-il tellement de gens à vouloir entrer?" .....

Parce qu'il n'y a jamais de lumière, la chaise électrique ne fonctionne pas, les clous du lit ont été volés et le diable colombien arrive, signe et s'en va.

VIVA COLOMBIA, CARAJO...*


* Juron local pratique et élégant, esthétiquement très adapté, qui est le summum du petit-doigt-levé chez les Colombiens.

lundi 16 novembre 2009

Aguardiente, dulce tormento...

... ¿qué haces afuera? ¡Veni pa' entro!

Aguardiente, doux tourment... Que fais-tu en dehors? Viens donc par-dedans!

(NB: ma traduction rime. Et toc.)

Vous êtes ceinture orange de l'apprenti Colombien maintenant (je m'adresse à ceux qui ont suivi. Les autres, vous comprendrez quand vous serez grands :). Il est temps de vous initier à l'un des rites fondateurs de la colombianité, tiret-coeur-slash de la caleñité: tomar guaro, ou boire.

Mais pas n'importe comment, et pas n'importe quoi.
Tomar, littéralement, veut dire prendre. Mais ici, "que veux-tu prendre" = "que veux-tu boire" *.
Guaro est le mot de jargon pour désigner l'aguardiente. Attention: il n'y a pas que ça comme alcool ici, bien entendu. Mais c'est LA BOISSON de référence, le moteur de la rumba, l'amour et l'obsession des salseros (les amateurs de salsa).

Ca se présente dans des petites bouteilles, parce que n°1 - ça se prend pur; n°2: Papá y Mamá alimentent le budget rumba du fiston, mais il faut pas trop en demander; n°3: elles sont quand même trognon ces ptites bouteilles.
Ceci dit, si vous arrivez à vous constituer un parche suffisamment grand, (le parche c'est le groupe de copains avec qui vous sortez. Pur patois colombien) là vous visez "Bébé": c'est le petit nom affectueux qu'on donne à la grande bouteille d'aguardiente, celle qui doit vous durer toute la nuit.

Attendez, attendez... je vois bien que êtes pressé de goûter, mais faisons cela dans les formes. Pour ouvrir la bouteille, pas de règles spécifiques, celui qui l'a dans la main s'en charge. Voiiilà. Ensuite il nous faut des copitas: de toutes petites coupes, moins hautes que mon pouce. Oui, si on n'en a qu'en plastique ça marche aussi. Une par personne c'est mieux, mais de toute façon ça va tourner.
Prêtez l'oreille, mes agneaux: ici on ne sert pas les dames en premier. On sert les morts.
Et pliez, je vous prie, parce que les morts colombiens ont une certaine tendance à revenir quand ils ne sont pas contents, et à mettre le bazar dans la maison, et après j'ai des problèmes avec ma femme. C'est ce que chuchotent les anciens tout ridés, en tout cas, et des rides comme celles-là ça se respecte.

En conséquence, avant toute chose, versez avec déférence une gorgée d'aguardiente sur le sol, pour les morts. Maintenant seulement viennent les demoiselles, puis les caballeros.
Les coupes sont petites, mais on ne les remplit qu'à moitié; et puis on les fait passer.

En revanche on les vide complètement: l'aguardiente, c'est cul-sec. Celui qui pense perd.

Maintenant que vous êtes avisés, un toast. Vous pouvez vous référer à la formule d'entrée, elle est poétique mais elle plaît (je vous livre mon expérience, ici). Si vous voulez paraître plus relax et plus caleño, celle-là est classique, mais vous devez l'accompagner des gestes:
¡Pa'rriba, Pa'bajo, Pal'centro, Pa'entro! Par en haut, Par en bas, Par le centre, Par dedans!

Et hop! sans réfléchir.
Reste la dernière étape: pasar. Pour passer, directement après avoir vidé la coupe, on prend une gorgée d'eau, ou de jus, ou de ce qui vous plaira qui ait bon goût.

Parce que soyons bien clairs sur un point: ne vous imaginez surtout pas que l'aguardiente, c'est bon. C'est infect et c'est très fort. C'est pour ça qu'on est obligé de le passer avec autre chose tout de suite après.

Mais, d'une certaine manière, l'aguardiente ça va bien avec la salsa. D'une certaine manière, on finit par en avoir envie sur le coup des 11h, quand ces belles sortent de la salle de bain, éblouissantes, qu'on sort enfin pour que la rumba commence, que la salsa résonne plein pot et que les caballeros vous prennent par la taille en gigotant les jambes sur un pas très compliqué et en braillant en play-back: ¡CALI PACHANGUERO! **



* Direction le carnet de voc, que vous tenez avec application.
** Vous pouvez chanter aussi, si vous voulez me faire plaisir :)

lundi 9 novembre 2009

Le Caliguide du fruitard

Fruits d'hiver, colonne A - fruits d'été, Colonne B...

Mais comme on est à Cali, 35°C à l'ombre le 25 décembre, le 30 avril et le 8 août, en fait c'est pareil.
Mets ta robe blanche et ta ceinture dorée, je t'emmène faire un ptit tour champêtre.


De gauche à droite, on fait un petit rond en partant du bas: une goyave, une maracuya (c'est le fruit de la passion! vous étiez jamais demandé à quoi ça ressemblait, hein?), la granadilla (ouverte, ça a la même tête que la maracuya, mais la chair et le jus sont verts, le goût est plus subtil et plus sucré. Le maracuya c'est super acide), une mangue, un citron vert, une pitaya ouverte et une pitaya fermée (c'est les trucs bizarres et jaunes qui font peur), une pastèque (bon ça vous connaissez) et des bocadillos (les ptites bananes délicieuses). Elles se mangent sans enlever la peau: on appuie du bout des doigts sur toute le bocadillo pour le ramollir, on l'ouvre à un bout, et on aspire.

Ah, et les petites étoiles, c'est fruits aussi. Ca s'appelle carambolos: c'est à peu près long comme ma main, avec cinq côtés, et on le coupe dans le sens de la largeur pour faire des étoiles. C'est super rafraîchissant et en plus c'est zoli.
Il nous en manque encore tout plein, les zapotes, les borojos, la guanabana, les lulos, les plus que fameux chontaduros...mais vous êtes pas déjà calés, là???*
*La preuve que Linda Lemay avait raison, sur les visites comme les souliers verts. **
** Mais non, vous pouvez rester. Par contre les souliers verts je veux bien qu'ils restent dehors, déjà qu'ici le sol se salit en 30 secondes à cause de la poussière dans l'air.

En gros plan: le maracuya, ouvert, ya plus qu'à manger les grains. En bas, la goyave (mais encore un peu verte, ne vous jetez pas dessus). Et les carambolos.

L'objet de mon émerveillement enfantin: la pitaya. Vous l'avez vue entière, la voici ouverte. Mais attendez: il faut s'imaginer que vous ne savez pas du tout comment ça se mange. Vous êtes là, un peu bête avec ce truc jaune à piquant dans la main. Vous l'avez palpé avec circonspection: c'est plus ou moins mou, mais pas assez pour ne pas vous y abîmer vos jolies canines. Après tergiversation, et toujours dans un doute lancinant, vous décidez de l'ouvrir en deux avec un couteau. Gagné! C'est pas Noël mais presque: vous tombez sur cette chair bleutée avec des petites graines noires, et elle vous zieute d'un air louche. Même pas peur, on y plante la cuillère: c'est mou, mais croquant en même temps à cause des graines. Ca a un goût suave et frais. Et en plus c'est pas fini: une fois qu'on a fini le truc bleu, il y a encore une couche toute blanche, plus fibreuse mais toujours délicieuse.


Je crois que je vais écrire un poème à la gloire de la pitaya. Et après je ferai une chanson.

PS: un petit avertissement, quand même... j'ai pas mis de papaye sur le plateau, mais ça vaut pour elle aussi: la pitaya et la papaye, ça vous remue l'estomac. A manger en quantité seulement si vous avez des problèmes de transit intestinal.

Ceci étant clair, et maintenant que vous êtes là, je peux aussi bien vous montrer l'appartement. Ca n'a rien à voir, mais vous ne direz pas que vous êtes venus pour rien.



Le salon-salle à manger-entrée-hall pour le bal.

On se retourne: l'escalier qui mène...


ici. La pièce que je préfère dans l'appartement: grande, quasi vide, claire (quand on sait prendre les photos ;), avec ventilo, piano (électrique, mais piano quand même) et vue sur la cordillère, quand on se hisse sur la pointe des pieds et qu'on regarde à travers les barreaux. Que demande le peuple.
La cuisine, à l'américaine. Camille et moi, on cuisine des arepas. En djellabah.


La vue de ma chambre: everybody look lefteverybody look right

C'est à peu près à ça que ressemble Cali dans ses coins les plus jolis. Sinon c'est gris, sale et cahotique. C'est pas une très belle ville, même si Camille me fait une scène chaque fois que je le dis.Et puisque j'en suis à vous montrer des trucs qui n'ont aucun rapport, vous pouvez aussi bien rencontrer une partie de la société: tout en bas Andrés. Au second étage, de gauche à droite, Juan David (mon coloc), Jennifer, Charely, votre humble servante, Felipe et Camille.

Ca c'était le jour de l'anniversaire de Juan. Ca y est, ça y est, les ajouts off-topic freeshow-on sont finis.