vendredi 13 août 2010

Tayrona

Santa Marta c'est bien joli, mais c'est pas pour ca qu'on est venu. On est là pour Tayrona, le grand parc naturel qui préserve l'habitat des antiques indigènes Tayronas sur la cote des Caraibes. Coup de chance: l'hotel où on loge, truffé de routards allemands et de toutes les nations, à la terrasse démolie et au salon à ciel ouvert, a une chiva qui nous emmène jusque là-bas, et si on est gentils elle revient meme nous chercher. Coup de pas de chance: la chiva est cassée.

Aparté: - C'est quoi une chiva?
- C'est pittoresque, comme dirait l'autre. C'est un vieux bus tradi en bois et en fer, peinturluré de partout, dont les portes sont des portails qui ferment avec de petits verrous. Pas de vitres, vous l'aurez compris, et on saute dedans avec de l'élan et un marchepied.
- Et c'est confort?
- Ca t'emmène en musique... y ajam.

Et la chiva est cassée, disais-je. Maios on nous le dit pas tout de suite, ca serait pas rigolo sinon: on nous dit qu'on part dans deux minutes juste le temps de régler un truc. Comme vous etes des durs, des tatoués, des aguerris, vous savez que déjà ca sent pas trop bon. Quand ils sortent la clef à molette et le levier, vous voyez s'éloigner un peu plus la lumière de l'espoir. Quand ils dont descendre tous les passagers en vous donnant du mi amor, vous savez que c'est cuit. On attend deux bonnes heures sur le trottoir que la chiva soit réparée; heureusement il y a trois frères espagnols de Valence, tous avec barbe et cheveux longs, qui disent des betises pour passer le temps. Et puis finalement, comme il fallait s'y attendre, on vous dit "mi amor on va t'appeler un taxi". Bon, c'est nettement moins fun que la chiva, mais enfin on veut aller à Tayrona, nous.

Et ca valait le détour, chiva décrépite comprise: Tayrona ca commence avec une heure de marche dans la jungle (on vous recommende les trois frangins espagnols pour l'animation; en plus ils parlaient francais à Thibaud, des hommes parfaits quoi.) Et ca débouche sur la cote: sompteuse crique aux vagues assassines, sable blanc et fin flanqué de grands rochers gris clairs, et à la lisière d'immenses palmiers qui gardent l'entrée de la jungle, montagne vierge muette d'un silence circonspect.

On avance sur le sable, longtemps, et petit à petit des toits de paille tressée se dessinent entre les arbres. Il faut trouver un endroit où dormir, et en plus j'en ai marre de porter mon sac. On y va? En s'approchant, José nous salue, torse nu, tatoué, nez crochu et yeux brillants, il t'explique qu'avec ton petit budget et parce que c'est toi, il te loue deux hamacs sans moustiquaires à 10 000 pesos chacun chaque nuit. C'est les prix, de toute facon, donc c'est parti.

En revanche, ici ca coute plus cher de manger que de dormir; je lui demande en battant des cils si on peut cuisiner. Mais bien sur, qu'il dit, veuillez me suivre, qu'il dit, je vous montre la cuisine. Il a l'air de se marrer; mais emboitons-lui toujours le pas, sans se vexer. Ca y est! il me montre un carré de terre dégagé avec les restes d'un feu de bois et une grille. On se démonte pas, et on lui demande cash s'il a des plats à nous preter. Il en a un, et une cuillère; "tu sais faire un feu?" demande-t-il hilare. Eh ben tu vas nous apprendre, coco. Il est super chouette en fait, il nous aide à le faire démarrer et tout. On n'a mangé que du riz simple presque à tous les repas pendant 3 jours, mais maintenant on sait faire un feu de bois dans la jungle avec des branches humides. Et toc.

Maintenant qu'on est ok sur les choses matérielles, haut les coeurs et haut les pieds (surtout)! Après une bonne nuit en hamac dehors sous notre toit de paille, à regarder l'orage déchainé, on va se grimper cette montagne pour atteindre les ruines du village en terrasses nivelées des indigènes Tayronas, et on verra bien si elle reste longtemps silencieuse, cette jungle. Et comme ca ne nous suffit pas, en redescendant on ira piquer une tete dans l'eau verte de la crique, sous les cocotiers, dont José nous a offert une noix découpée à la machette ce matin. Il n'y a rien de meilleur avec du riz fait jardin collant et sans sel, vous devriez essayer.

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